Dire « non », se faire respecter et ne pas céder aux pressions de l’extérieur.
Pouvoir gagner en confiance et oser s’affirmer dans ses valeurs aux yeux de tous.
Savoir dire Non, ne va pas de soi ! C’est même plutôt le contraire selon les générations et l’éducation reçue.
Pourtant ce petit mot, appris très tôt, est indispensable pour le déploiement de soi et un atout dans la communication en général.
Le « oui » systématisé est plus souvent source de contrainte que de ressource. Et pourtant, je vous entends déjà nombreux, la gorge serrée, vous imaginant accepter un service si gentiment demandé et cette petite voix interne qui vous réprimande pour votre manque d’assertivité …
Que ce soit par peur de déplaire, du conflit … Les raisons sont nombreuses pour donner son aval. Elles sont, le plus souvent, les résultantes de blocages psychologiques introjectés.
Alors pourquoi est-ce si important de dire Non ?
Quelles conséquences cela induit dans la relation ?
Pouvoir fixer ses limites en amont. S’entrainer à dire des petites « non » ou être actif dans sa réponse plutôt que réactif. Voici autant de clés pour dire « Non » avec confiance et dans le respect de l’autre.
Pourquoi est-ce si dur de dire "non"?
Dans la majorité des cas, dire « OUI » face à une demande, qui pourtant, ne nous convient pas est plus facile dans l’instant présent.
La relation en cours, chahute en quelques millièmes de secondes toute notre psyché additionnant des conflits internes de différents horizons.
Les croyances ou obligations éducatives se confrontent à nos ressentis corporels et nos perceptions sensorielles (Système nerveux autonome en alerte pour peu qu’on ne se sente pas en sécurité avec cette personne).
Une vraie cacophonie émotionnelle s’opère douloureusement.
Alors quelques fois, dire oui, c’est simplement vouloir mettre fin à cette épreuve pour se réguler.
Dire "oui", reflets de nos peurs :
Les peurs peuvent être particulièrement puissantes pour faire réagir. Elles répondent inlassablement aux doctrines cognitives et relationnelles préétablies durant l’enfance :
Peur de décevoir / déplaire
« Je n’ai pas osé lui dire non…« . Ce n’est pas un secret, l’Homme vit parce qu’il est en relation avec autrui. Avoir son approbation est alors gage du maintien de l’existence . Dire oui peut donner l’impression de ne jamais décevoir, vu que l’on répond au mode de fonctionnement de l’autre. Cette peur concerne l’enjeu d’estime de soi.
Peur du conflit :
» Si je lui dis non, alors il va se fâcher … je ne veux pas lui faire de la peine ». Cela peut venir des expériences interrompues ou non constructives face à la colère d’un proche ou de sa propre colère. Elle reflète aussi un altruisme poussé à l’extrême où les besoins de l’autre sont prioritaires aux siens.
Peur de l'autorité :
S’effacer systématiquement face à une figure hiérarchique ou autoritaire. Cela ressemble à une forme de soumission programmée ou la justification prime.
Peur du jugement de l'autre ou d'un groupe d'appartenance :
« Je ne peux pas refuser cette cigarette, sinon ils ne vont pas m’inclure… » Se distinguer des autres peut être difficile si l’estime de soi est en construction ou peine à se définir. Cela est d’autant plus complexe si les croyances éducatives recherchent inconsciemment l’unicité ou la conformité « tu ne dois pas faire de vague… ».
Peur d'être abandonné :
« Si je lui dis non, il ne m’aimera plus… »c’est la plus figeante de toutes. Elle est aussi plus archaïque car elle répond à l’attachement parental et au réflexe de survie du bébé qui préfère se taire plutôt que de pleurer pour exprimer son propre besoin.
La très grande majorité de la population mondiale a ressenti une de ces peurs dans sa vie. Au delà de l’individu lui-même, elles sont le reflet de notre société actuelle au niveau collectif. Cependant, la récurrence d’une de ces peurs peut être un signe d’alerte sur votre manière d’être en relation avec les autres.
Conséquences de ne pas savoir dire "non" :
L’idée de cet article n’est pas que vous disiez « non » à tout bout de champ. Cela n’aurait pas de sens et ne participerait pas à votre mieux-être. Cependant, il me semble important de percevoir les conséquences d’un « oui » non assumé :
- Tout accepter vous fera perdre en efficacité. Faire une tâche que l’on subit alors qu’on aurait eu les moyens de l’éviter est particulièrement énergivore. Vous risquez même inconsciemment d’alimenter une rancœur face à la personne demandeuse.
- A force de dire « oui », celui-ci perd en consistance. Votre parole peut paraître moins fiable et donc renvoyer un message peu sécurisant quant à vos engagements futurs.
- Accepter coûte que coûte est une source de stress grandissant qui alimente le manque de confiance en soi. Les conséquences du stress chronique sont multiples et vont jusqu’au développement de cancers.
Où alors, êtes-vous peut-être atteint du syndrome du SUPER Diplomate, développé par l’oncologue Julien DROUIN. Découvrez le brièvement dans cette courte vidéo.
Pour plus d’informations, sachez que ce professionnel à écrit un livre sur les conséquences de la répression émotionnelle et l’intérêt de l’EFT clinique pour prévenir les risques de cancer.
Accepter l'idée de dire "non" :
Savoir dire « non » c’est déjà s’autoriser à le penser pour soi.
Cela passe par une modulation de son état d’esprit permettant plus facilement de s’affirmer et de gagner en confiance en soi.
Dire « non » renvoie une image rassurante à votre interlocuteur car il vous perçoit comme contenu dans votre entièreté.
C’est aussi faire le choix de ne pas subir. Cela a un triple avantage :
- vous vous préservez.
- vous gagnez en confiance en vous.
- vous responsabilisez l’autre dans l’intérêt de sa demande.
Savoir dire « non », c’est aussi développer votre esprit critique et votre assertivité face à la pression. Prenez votre place, respectez-vous tout en respectant les autres.
En toute logique, dire « non », c’est pouvoir dire un « oui » sincère et incarné. Vous gagnez en authenticité, crédibilité et intelligence dans le regard de l’autre.
C’est aussi permettre aux autres de vous dire « non » et ainsi enrayer les peurs programmées de chacun.
Quelques clés pour dire "non" sereinement.
Prenez votre temps pour répondre :
Rien ne vous presse.
La demande qui vous est adressée est prise dans un contexte qu’il vous faudra analyser et surtout relativiser. Est-ce écologique pour moi ? Ai-je envie de ce rapport sexuel ? Y’a-t-il un degré d’urgence ou non ?
Dans mon métier d’infirmière, nous avons un « adage » : « la seule véritable urgence est une urgence vitale avec un risque de mort imminente. Toutes les autres urgences sont relatives et peuvent s’octroyer un temps de réflexion. »
Personnellement, cette phrase m’accompagne souvent dans ma pratique quotidienne et m’aide à relativiser le contexte de la demande.
De plus, le temps que vous prenez pour répondre permet aussi à l’autre de repositionner la nécessité de sa demande. A travers votre action, vous rendez la personne plus responsable d’elle-même.
Soyez actif et non réactionnaire :
C’est la conséquence de votre temps de réponse.
Comme énoncé plus haut, la relation duelle est complexe et bouscule nombre de nos émotions et croyances. Répondre immédiatement à une demande est donc le fruit de cet inconfort. Votre réponse devient ainsi réactionnelle.
D’une part, elle ne répond pas à vos besoins, d’autre part elle risque de se teinter elle aussi d’émotion négative (colère, rancœur, agacement)
Peser, analyser la demande requiert la nécessité de retrouver son calme.
Vous pouvez également différer votre réponse, « j’ai besoin de vérifier certaines informations avant de te répondre… » « laisses-moi le temps de regarder mon agenda pour voir si je peux t’aider… »
Ne vous justifiez pas :
Votre réponse est un choix que nul ne peut remettre en question.
Soyer clair et concis : « désolé je ne vais pas pouvoir t’aider. »
Si la personne insiste, écoutez ses arguments, ne la contrez pas et restez ferme sur votre position.
La justification est souvent le marqueur que la demande vous met mal à l’aise, elle créé ainsi une ambiguïté dans la relation pouvant aller jusqu’à la méfiance.
Fixez-vous des limites :
C’est un exercice que vous pouvez faire dès à présent, sans être confronté à la question du « non ».
Demandez-vous ce qui serait inacceptable pour vous dans votre vie de couple, avec vos enfants, avec vos collègues, avec vos supérieurs.
Puis posez-vous ces mêmes questions de manière dégressif :
- Qu’est-ce qui serait difficilement tolérable ?
- Qu’est-ce qui serait peu tolérable ?
Prenez un petit cahier et faites un tableau avec toutes ces limites que vous vous fixez. Le fait de les poser par écrit vous permettra d’ancrer votre positionnement et sera ressource à un moment propice.
Répondez avec diplomatie et trouvez une alternative :
Bien évidement, entendre un « non » à une demande qu’on vient de formuler peut-être difficile.
C’est alors que votre talent de diplomate entre en jeu.
Utilisez des petites phrases toutes simples pour que la personne se sente entendue malgré votre refus :
- « je comprends que cette situation te stresse… »
- « je perçois ton inquiétude… »
- « je vois bien que tu as envie de… »
Puis proposez une alternative :
- « En as-tu parlé à quelqu’un d’autre? »
- « Aurais-tu besoin d’autre chose pour faciliter la situation ? »
Entrainez-vous et gagnez en confiance :
Dès que la situation d’un petit « non » se présente à vous, saisissez-la et voyez ce que cela vous fait.
Prenez conscience de ce qui a émergé dans votre interne et ce que cela a induit dans la relation immédiate puis à court terme.
Puis répétez cette situation.
A terme, vous pourrez plus facilement affirmer vos choix, ajuster votre positionnement pour dire « de vrais oui » et donc gagner en confiance.
Ne restez pas seul :
Pour certaines personnes toutes ces stratégies seront trop éphémères pour être efficaces.
Malgré tout, elles auront besoin d’écoute et de bienveillance pour surmonter leurs peurs et croyances invalidantes. Et c’est largement possible !
Que ce soit avec un proche de confiance ou un professionnel, surtout ne restez pas seul. Parlez-en et autorisez-vous à (re)devenir acteur de votre vie.
